Ce n’est pas la qualité des emplois de l’aide à domicile qu’il faut améliorer, c’est la rémunération des professionnels et des services d’aide humaine qu’il faut augmenter.

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Heures rémunérées en 2011 (source CGSP*)

Tous les responsables politiques ou syndicaux affichent un discours sur la qualité des emplois d’aide à domicile. Personne ne peut être contre l’idée d’améliorer la qualité des emplois, mais au moins est-on d’accord sur ce qu’est la qualité ? La qualité vise-t-elle au bien-être du bénéficiaire ou du salarié ? Correspond-elle au diplôme exigé pour exercer le métier ? au niveau de salaire ? à la valeur ajoutée ?

Pour le Commissariat Général à la Stratégie et à la Prospective, « Augmenter la qualité de l’emploi, c’est notamment professionnaliser le secteur, lutter contre le temps partiel subi, améliorer les conditions de travail, réduire les inégalités d’accès à la formation continue », et aussi développer des « offres de service intégrés » et soutenir « la diffusion des technologies de l’information et de la communication ».

Le fossé entre le discours et la réalité témoigne plus de la schizophrénie des responsables politiques que d’une incompréhension, tant les études du secteur du maintien à domicile sont nombreuses.

Que désirent les bénéficiaires de services de maintien à domicile ? avant tout, une aide humaine. Ajouter des technologies, pourquoi pas ? mais les bénéficiaires attendent essentiellement la présence d’une personne, auprès d’elles, pour améliorer leur bien-être. C’est que font tous les jours des dizaines de milliers d’auxiliaires de vie dans tout le pays.

Ces auxiliaires de vie qui soutiennent au quotidien les personnes fragiles peuvent être légitimement choquée que l’on martèle sans cesse sur l’ « insuffisante qualité » de l’aide à domicile. La qualité, n’est-ce pas ce qu’elles s’efforcent d’apporter dans leur activité de tous les jours ? A-t-on entendu un responsable politique ou syndical mettre en premier la qualité de la relation humaine dans l’aide à domicile ? La qualité, les auxiliaires de vie en font tous les jours !

Là où il y a aussi schizophrénie, c’est que ceux qui invoquent la qualité ignorent le fait que ces métiers qui exigent de très grandes qualités humaines sont sous-payés. Comment rémunérer convenablement des intervenants quand le tarif horaire de l’aide à une personne handicapée est de 17,59 € ? Un tarif qui est censé couvrir les salaires, les charges sociales, la formation, le transport, les temps d’attente entre deux bénéficiaires, les trous de planning, l’encadrement et la gestion …

La vérité est que la qualité est la plupart du temps assurée au domicile des personnes fragiles, car c’est la mission première des auxiliaires de vie, et que cette qualité n’est pas rémunérée au bon niveau.

* CGSP: Commissariat Général à la Stratégie et à la Prospective (Hélène Garner et Frédéric Laîné. Services à la Personne. Constats et enjeux. Septembre 2013)